Du lundi au vendredi de 9h30 à 18h.
Uniquement sur rendez-vous.
Du lundi au vendredi de 9h30 à 18h.
Uniquement sur rendez-vous.
1. Résumé succinct
Contexte :
La société civile immobilière [Localité 5] Petite Camargue, propriétaire d’un ensemble immobilier assuré par Generali IARD et Gan Assurances, a sollicité l’indemnisation de dommages consécutifs à un incendie ayant détruit deux bâtiments (A et B) le 30 janvier 2012. Le litige oppose la SCI aux assureurs à propos des montants d’indemnisation accordés en appel.
Impact principal :
L’arrêt du 20 mars 2025 illustre une application rigoureuse des exigences de motivation (article 455 CPC) et du principe du contradictoire (article 16 CPC), entraînant une cassation partielle pour défaut de réponse aux conclusions et pour application d’un moyen relevé d’office sans débat contradictoire.
2. Analyse détaillée
Les faits
Un incendie détruit deux bâtiments d’un ensemble immobilier appartenant à la SCI [Localité 5] Petite Camargue. Deux assureurs (Generali et Gan) couvraient chacun les bâtiments via des contrats distincts. La SCI agit en réparation, les montants alloués en première instance font l’objet d’un appel.
La procédure
Jugement de première instance : non précisé dans l’arrêt, mais insatisfaisant pour la SCI qui interjette appel.
Arrêt de la cour d’appel de Nîmes (2 sept. 2021) : condamne solidairement Generali et Gan à indemniser les dommages à hauteur de 359 306,65 € (bâtiment A) et 202 231,50 € (bâtiment B).
Pourvoi formé par Generali IARD.
La Cour de cassation rend un arrêt de cassation partielle le 20 mars 2025.
Arguments des parties
Generali IARD :
Critique le chiffrage de l’expert pour le bâtiment A, notamment une somme de 12 000 € pour des travaux déjà réalisés, sans justificatif produit.
Conteste que la cour d’appel ait appliqué une clause du contrat d’assurance pour le bâtiment B sans en débattre contradictoirement.
Contenu de la décision
Sur le bâtiment A (359 306,65 €)
Violation de l’article 455 CPC :
« Le défaut de réponse à conclusions équivaut à un défaut de motifs. »
la cour d’appel n’a pas répondu à l’argument de Generali portant sur l’absence de justificatif pour les travaux de démolition et évacuation.
Sur le bâtiment B (202 231,50 €)
Violation de l’article 16 CPC :
« Le juge doit, en toutes circonstances, faire observer et observer lui-même le principe de la contradiction. »
La cour d’appel s’est fondée sur une clause contractuelle pour réduire l’indemnisation sans inviter les parties à s’expliquer.
Sur le mémoire d’association (société Gan)
La Cour de cassation précise, dans une motivation particulièrement développée et inédite, les conditions de recevabilité et de portée d’un mémoire d’association déposé par un coassureur pour bénéficier de la cassation sans former un pourvoi incident. Elle maintient la jurisprudence antérieure tout en posant de nouvelles règles de procédure applicables uniquement aux pourvois formés après l’arrêt du 20 mars 2025.
3. Références et articles juridiques
Décision commentée :
Cass. civ. 2e, 20 mars 2025, n° 21-23.812, publié au Bulletin et au Rapport, ECLI:FR:CCASS:2025:C200415
Textes juridiques appliqués :
Article 16 du Code de procédure civile :
« Le juge doit, en toutes circonstances, faire observer et observer lui-même le principe de la contradiction. »
Article 455 du Code de procédure civile :
« Tout jugement doit être motivé. Le défaut de réponse aux conclusions constitue un défaut de motifs. »
Article 624 du Code de procédure civile :
« La cassation s’étend à l’ensemble des dispositions du jugement ayant un lien d’indivisibilité ou de dépendance nécessaire. »
Article 625 CPC :
« La personne dont la présence n’est pas nécessaire devant la cour de renvoi est mise hors de cause. »
4. Analyse juridique approfondie
Sur l'article 455 CPC : la Cour insiste sur le caractère substantiel de l’obligation de réponse aux moyens développés. L’omission entache la décision de nullité.
Sur l'article 16 CPC : elle rappelle que le juge ne peut suppléer les parties sans leur permettre de s’expliquer. Une motivation fondée sur un moyen relevé d’office sans débat viole le principe du contradictoire.
Sur la procédure de mémoire d’association : la Cour confirme la recevabilité, tout en encadrant les conditions de fond et de forme à compter de son arrêt.
Conséquences juridiques
Renforcement du contrôle de la motivation des juges du fond
Sécurisation de l’usage du mémoire d’association
Confirmation que les obligations procédurales pèsent lourdement sur le juge du fond dans les litiges techniques (ici, assurance et expertise judiciaire)
5. Critique des sources et de la décision
Les apports de l’arrêt devraient faire école dans la jurisprudence relative :
à la procédure d’assurance post-sinistre,
à la structuration des moyens procéduraux,
à l’indemnisation d’immeubles sinistrés en présence de pluralité d’assureurs.
Un arrêt à forte portée didactique, à diffuser auprès des praticiens du contentieux civil et des assurances.
6. Accompagnement juridique
Pour les professionnels confrontés à un litige complexe avec leur assureur ou à des enjeux de motivation procédurale, il est vivement recommandé de se faire assister par un cabinet d’avocats expérimenté.
La SELARL Philippe GONET, cabinet d’avocat expérimenté, vous accompagne pour :
Une analyse approfondie de votre contrat d’assurance
La gestion d’un contentieux indemnitaire complexe
Le suivi rigoureux des règles procédurales
Cette actualité est associée aux catégories suivantes : Droit des assurances