Du lundi au vendredi de 9h30 à 18h.
Uniquement sur rendez-vous.
Du lundi au vendredi de 9h30 à 18h.
Uniquement sur rendez-vous.
1. Résumé succinct
Parties impliquées : Mme L. (Franco-syrienne, partie civile), une association, vs M. S. (chef d’État en exercice)
Juridiction & décision : Cour de cassation – Assemblée plénière, arrêt rendu le 25 juillet 2025, pourvoi n° 24‑84.393,
Nature du litige : Contestation de la régularité d’un mandat d’arrêt pour complicité de crimes contre l’humanité et crimes de guerre, au regard de l’immunité personnelle du chef d’État
Effet direct : Annulation du mandat d’arrêt sans renvoi ; réaffirmation de l’immunité personnelle même pour crimes très graves et nécessité d’un examen d’office par le juge
2. Analyse détaillée
Faits & chronologie
5 et 21 août 2013 : deux attaques chimiques (gaz sarin) en Syrie, dans la Ghouta orientale, visant civils, imputées à des unités militaires placées sous les ordres directs du président, M. S.
13 novembre 2023 : délivrance d’un mandat d’arrêt pour complicité de crimes contre l’humanité et crimes de guerre contre M. S.
19 décembre 2023 : contestation du mandat par le procureur national antiterroriste devant la chambre de l’instruction
26 juin 2024 : chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris rejette l’irrecevabilité du mandat
25 juillet 2025 : Assemblée plénière de la Cour de cassation casse l’arrêt, annule le mandat d’arrêt sans renvoi
Raisonnement de la Cour
Immunité personnelle : reconnu aux chefs d’État, chefs de gouvernement et ministres des Affaires étrangères en exercice, couvrant actes privés ou officiels, et doit être examinée d’office Cairn Droit
Reconnaissance du gouvernement : unilatérale, portée politique, sans effet sur l’immunité coutumière
Mandats d'arrêt : régularité à apprécier à la date de délivrance ; perte ultérieure de la qualité d’exécutant ne suffit pas à valider un mandat initialement irrégulier
Absence d’exceptions pour crimes graves : ni les crimes contre l’humanité, ni les crimes de guerre ne constituent des exceptions ; immunité reste applicable même en cas de violation de normes impératives (jus cogens)
Jurisprudences antérieures :
Crim., 13 mars 2001, pourvoi n° 00‑87.215 : compétence de la chambre d’accusation cassée pour avoir informé un chef d’État en exercice malgré immunité
Crim., 2 septembre 2020, pourvoi n° 18‑84.682 : absence d’exception à l’immunité même pour torture ou actes de barbarie
Position du droit international : Commission du droit international (rapport A/CN.4/701, 2016) et projet d’article 4 (23 juillet 2024) confirment cette immunité sans exception
Droits fondamentaux : immunité est un obstacle procédural (non un droit matériel), compatible avec le droit d’accès à un tribunal (CEDH, Art. 6), dès lors qu’il s’agit d’une limitation légitime issue du droit international
3. Références juridiques
Crim., 13 mars 2001, pourvoi n° 00‑87.215 – immunité chef d’État en exercice (cassation sans renvoi)
Crim., 2 septembre 2020, pourvoi n° 18‑84.682 – immunité pour torture et barbarie (rejet du pourvoi)
Ass. plén., 25 juillet 2025, pourvoi n° 24‑84.393 – immunité pour crimes contre l’humanité/guerre –
4. Analyse approfondie
Cohérence : renforce le principe d’immunité personnelle même pour les crimes les plus graves ; absurde de soumettre juridictions nationales à évaluer la gravité des actes internationaux, ce rôle revient à la communauté internationale
Évolution : alors qu’aucune exception n’était juridiquement reconnue, certains juges en appel avaient tenté de l’introduire (comme ici), la Cour de cassation ferme fermement cette porte, sans renvoi
Délimitation des immunités : la décision précise bien que, une fois en cessation des fonctions, l’immunité fonctionnelle qui reste exclut désormais les crimes gravissimes, cas non applicable ici puisqu’il s’agit de mandat pendant le mandat
5. Accompagnement personnalisé
La SELARL Philippe GONET, avocat à Saint-Nazaire, peut vous proposer :
Expertise stratégique sur la portée et les recours éventuels
Conseil pour contentieux international ou nationales connexes (ex. opposition, défense…)
Accompagnement dans les liens avec juridictions internationales ou procédures ad hoc
Cette actualité est associée aux catégories suivantes : Droit pénal