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1. Résumé succinct
Parties : M. [Z] [C], maire d’une commune de plus de 150 000 habitants et président de métropole
Juridiction : Cour de cassation, chambre criminelle, 28 mai 2025
Numéro : Pourvoi n° 24-83.556 – Formation restreinte hors RNSM/NA
Nature du litige : Condamnation pénale pour recel de détournements de fonds publics – peine d’inéligibilité assortie de l’exécution provisoire
Effet direct : L’exécution provisoire d’une peine d’inéligibilité doit être spécialement motivée quant à sa proportionnalité au regard de l’exercice du mandat en cours et de la liberté de l’électeur. L'absence de cette motivation emporte cassation partielle.
2. Analyse détaillée
Les faits
Prévenu : M. [Z] [C], élu local de premier plan
Faits reprochés : Recel de détournements de fonds publics
Chronologie :
14 avril 2023 : Tribunal correctionnel – condamnation à 3 ans de prison avec sursis, 5 ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, confiscation
Appel interjeté par M. [C] et le ministère public
14 mai 2024 : Cour d’appel d’Aix-en-Provence – condamnation à 18 mois de sursis, 30 000 € d’amende, 5 ans d’inéligibilité, exécution provisoire maintenue
La procédure
Cour d’appel : Aix-en-Provence, chambre 5-1, arrêt du 14 mai 2024
Pourvoi en cassation formé par M. [C]
Audience : 30 avril 2025
Arrêt : 28 mai 2025 – cassation partielle par voie de retranchement, sans renvoi
Contenu de la décision
Arguments du demandeur
Violation des articles :
131-10, 131-26-2° du Code pénal
471 et 593 du Code de procédure pénale
Article 6 DDHC
Absence de motivation spécifique sur :
Les mandats en cours du prévenu
La liberté de l’électeur
Raisonnement de la Cour
Rappel des textes :
Articles 131-10 et 131-26-2° du Code pénal : inéligibilité possible à titre de peine complémentaire
Article 471, al. 4 et 593 CPP : obligation de motivation
Appui sur la décision du Conseil constitutionnel n° 2025-1129 QPC du 28 mars 2025 :
Le juge doit apprécier la proportionnalité de l’atteinte à l’exercice d’un mandat en cours et à la liberté de l’électeur
En l’espèce, la cour d’appel avait seulement évoqué :
La gravité des faits
La nécessité de prévenir la réitération
Absence de motivation spécifique sur la proportionnalité → violation des exigences constitutionnelles
Solution retenue
Cassation partielle : la disposition sur l’exécution provisoire de l’inéligibilité est annulée
Sans renvoi : la peine d’inéligibilité demeure, seule l’exécution provisoire est retranchée
3. Références juridiques
3.1 Jurisprudence
Conseil constitutionnel, 28 mars 2025, n° 2025-1129 QPC
Cass. crim., 28 mai 2025, n° 24-83.556
3.2 Textes légaux
Code pénal :
Article 131-10 : « La juridiction peut ordonner l'exécution provisoire de la peine complémentaire »
Article 131-26-2° : privation des droits civiques
Code de procédure pénale :
Article 471, al. 4 : pouvoir du juge correctionnel d’ordonner l’exécution provisoire
Article 593 : obligation de motivation
4. Analyse juridique approfondie
Décryptage
L’arrêt du 28 mai 2025 applique avec rigueur la QPC n° 2025-1129 : le juge doit motiver la proportionnalité d’une exécution provisoire d’inéligibilité, surtout quand le prévenu est un élu en fonction. Le contrôle constitutionnel renforce ici la protection démocratique.
Jurisprudence antérieure
Avant cette QPC :
La jurisprudence se contentait souvent d'une motivation sommaire liée à la gravité des faits
Depuis la décision du Conseil constitutionnel :
Toute inexécution motivée de manière abstraite est entachée de nullité partielle.
5. Critique de la décision
Décision fondée uniquement sur la QPC 2025-1129 : la Cour applique strictement cette décision.
Aucun renvoi nécessaire car la peine d’inéligibilité reste exécutoire sans exécution anticipée.
L’arrêt consacre une exigence constitutionnelle de motivation circonstanciée, applicable immédiatement à toutes les affaires en cours.
Proportionnalité + motivation = conditions cumulatives pour l’exécution provisoire de l’inéligibilité
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