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Faute lourde et aide juridictionnelle : le Conseil d'État affine sa jurisprudence

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Faute lourde et aide juridictionnelle : le Conseil d'État affine sa jurisprudence
faute lourde – responsabilité de l’État – aide juridictionnelle – Conseil d’État – jurisprudence Darmont – administration judiciaire – indemnisation du justiciable – préjudice – service public de la justice – recours indemnitaire – jurisprudence

1. Résumé succinct

Contexte :

Le Conseil d’État, saisi d’un recours en responsabilité fondé sur des décisions prises en matière d’aide juridictionnelle, précise le régime applicable.

Juridiction : Conseil d’État, décision n° 489396, 7 mai 2025, mentionnée aux tables du recueil Lebon.

Nature du litige : Responsabilité de l’État du fait de l’activité juridictionnelle – administration judiciaire – décisions en matière d’aide juridictionnelle.

Impact principal : Confirmation que les décisions d’administration judiciaire en matière d’aide juridictionnelle peuvent engager la responsabilité de l’État sur le fondement d’une faute lourde, en cohérence avec la jurisprudence Darmont.


2. Analyse détaillée

Les faits :
Un justiciable a introduit une action en responsabilité dirigée contre l’État, invoquant le préjudice résultant d’une décision d’administration judiciaire relative à l’aide juridictionnelle.

La procédure :
L’affaire a été portée directement devant le Conseil d’État, statuant comme juge de cassation sur une demande d’indemnisation, fondée sur la mauvaise administration du service public de la justice (notamment l’aide juridictionnelle).

Contenu de la décision :
Arguments des parties :
Le requérant soutenait que la décision lui refusant l’aide juridictionnelle ou la manière dont elle a été instruite constituait un dysfonctionnement fautif du service public de la justice.

Raisonnement du Conseil d’État :
Le Conseil d’État réaffirme le principe selon lequel la responsabilité de l'État du fait de l'activité juridictionnelle administrative ne peut être engagée que sur le fondement d'une faute lourde.

Il précise que ce régime s’applique également aux décisions d’administration judiciaire prises en matière d’aide juridictionnelle, qui ne relèvent pas à proprement parler d’une décision juridictionnelle au sens strict, mais participent du fonctionnement du service public de la justice.

Solution retenue :
Le Conseil d’État ouvre la voie à une réparation des préjudices causés par ces décisions en cas de faute lourde, rejoignant ainsi le régime déjà reconnu pour les décisions juridictionnelles au sens strict (CE, Ass., 29 déc. 1978, Darmont, n° 96004, p. 542).


3. Références et articles juridiques
Décision principale :
Conseil d’État, 7 mai 2025, n° 489396

❖ Jurisprudence citée :
CE, Ass., 29 déc. 1978, Darmont, n° 96004, rec. p. 542


4. Analyse juridique approfondie

Raisonnement juridique :

La Haute juridiction s’inscrit dans le prolongement de sa jurisprudence sur la responsabilité de l’État du fait de l’activité juridictionnelle. En s’appuyant sur la distinction entre décisions juridictionnelles et décisions d’administration judiciaire, elle rappelle que seule une faute lourde peut fonder la responsabilité de l’État dans ce cadre.

Cette clarification doctrinale est d’autant plus significative qu’elle étend la portée du régime de la faute lourde à un pan de l’activité juridictionnelle (aide juridictionnelle) qui reste souvent mal appréhendé dans les contentieux indemnitaires.

Conséquences juridiques :
Confirmation de l’unité du régime de responsabilité de l’État pour les activités juridictionnelles, y compris les actes d’administration judiciaire liés à l’aide juridictionnelle.
Barrière élevée à l’engagement de la responsabilité : la faute simple ne suffit pas.
Potentiel contentieux renforcé autour de l’appréciation de ce qu’est une faute lourde en matière d’aide juridictionnelle.

5. Critique de la décision

Le rattachement au régime de faute lourde poursuit la logique classique de Darmont, mais pose la question de l’effectivité du recours pour les justiciables.

Le régime de faute lourde continue de jouer un rôle de filtre protecteur pour l’administration de la justice, limitant le risque de contentieux indemnitaire en dehors des cas manifestement graves.

6. Accompagnement juridique
Pour toute personne estimant avoir subi un préjudice du fait d'une mauvaise gestion de l’aide juridictionnelle, il est essentiel de consulter un cabinet d’avocat expérimenté, tel que :

La SELARL Philippe GONET, cabinet d’avocat expérimenté à Saint-Nazaire, pour :

Une analyse rigoureuse des fautes potentielles de l’administration judiciaire.
Un accompagnement personnalisé dans l’engagement éventuel de la responsabilité de l’État.

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